Généralités

Le perçage longitudinal de troncs est une prouesse technique qui nécessite une connaissance approfondie du bois et des matériaux. Les troncs évidés ont traditionnellement été utilisés pour toutes sortes d'applications. Le MOT possède dans sa collection quelques conduites d'eau en bois, tout comme une rare pompe à lisier en bois. Une application importante est la pompe à eau. Pendant des siècles, on la trouvait dans de nombreuses cours de ferme, près de la maison, mais aussi sur la place du village ou même dans le centre ville. Ces pompes en bois étaient essentielles dans la vie quotidienne, pour fournir de l'eau potable aux hommes et aux animaux, pour préparer la nourriture, pour la vaisselle, le nettoyage, mais aussi pour toutes sortes d'activités professionnelles. Les pompes à eau en bois fournissent une eau très douce et claire, si elles sont fabriquées et installées avec soin.

Avec l'apparition des pompes et des tuyaux en métal au 19e siècle, on fabrique de moins en moins de conduites en bois. Après la distribution généralisée d'eau potable dans la seconde moitié du 20e siècle, l'utilisation des puits et des pompes a rapidement décliné. De nombreux puits ont été comblés et les pompes détruites. Non seulement le patrimoine architectural, mais également le savoir-faire relatif au forage, à l'installation et à l'utilisation des pompes à eau en bois se sont rapidement dégradés. En partageant les connaissances, nous espérons valoriser ce savoir-faire, modeste mais d'une grande valeur historique, paysagère et technique.

vidéo: conduites d'eau en bois de la collection du MOT

vidéo: pompe à lisier en orme de la collection du MOT

En creusant le tronc, la tarière se remplit de copeaux

Pompe à lisier en bois de la collection du MOT

Nouvelle pompe à eau en bois
Pompe à eau sur la place Sint-Amand à Strombeek-Bever (de COSYN: 1909)

Le foreur de pompes en Flandre

Le métier de foreur de pompes est principalement connu dans l'ouest de la Flandre. Des outils à main et des images de foreurs de pompes de la région ont été conservés dans diverses collections. Les outils ont souvent été transmis de père en fils pendant des générations. La concentration des foreurs de pompe en Flandre occidentale et dans le Meetjesland s'explique par la composition du sol et la faible profondeur de la nappe phréatique, qui ont rendu possible l'utilisation de la pompe, fabriquée à partir d'un tronc d'arbre d'environ quatre mètres. Dans les régions où la nappe phréatique est plus profonde, des puits ouverts avec treuil ont été installés antérieurement. Contrairement aux pompes à lisier en bois, il semble peu probable que des pompes à eau aient été produites en quantité dans certains villages pour fournir le reste de la Flandre.

Le métier de foreur de pompes était plutôt une occupation secondaire qu'une activité principale et était souvent combiné avec celui de charron ou de menuisier, en raison des similitudes dans les outils et la méthode de travail. Par exemple, lorsqu'il creuse l’axe d’un moyeu, le charron utilise également une série de tarières à cuillère pour percer un trou dans le bois. On rencontrait aussi en Flandre occidentale la combinaison des métiers de constructeur de moulin et de foreur de pompes, car la pièce centrale d'un moulin sur pivot ainsi que d'autres parties du moulin devaient également être évidées dans le sens de la longueur. Sur de nombreux chantiers navals, on rencontre la combinaison des métiers de fabricant de pompes, de mâts et de blocs de navire, notamment en Frise et en Hollande.

Le métier et l'outillage du foreur de pompe en Flandre est assez similaire à ceux des régions des Pays-Bas, du nord de la France et de l'Angleterre, où l'on utilisait aussi des bois de feuillus tels que le chêne et l'orme. Ailleurs en Europe, notamment dans les Alpes et les montagnes centrales de l'Allemagne et de la France, le bois de conifères est traditionnellement utilisé. Pour ces bois, on utilise des forets hélicoïdaux plus courts, de construction différente. La spirale à l’extrémité du foret tire littéralement celui-ci dans le bois.

Des solutions mécanisées ont été imaginées très tôt pour les gros travaux de forage. Par exemple, les forets étaient entraînés par un moulin à eau et, plus récemment, un moteur a été connecté au système de forage. Certaines de ces installations fonctionnent encore, par exemple en Allemagne. La mécanisation s'est surtout produite dans les travaux de grande envergure, comme les réseaux de conduites d'eau en bois réalisées en conifères ou en orme.

Installation de forage à Oedelem, Flandre occidentale (Collection Edelhart Matthys)
Forage d’une pompe en rue, devant une fabrique de pompe, mât et blocs,1909 (Archives de Groningen, Groninger Archieven)
Perçage d’un conifère à la tarière. De: Tüchelbohrer

Les outils à main

L'équipement spécifique du foreur de pompe consistait principalement en des outils à main pour percer le tronc d'arbre, la longue tarière à cuillère et les tarières alésoires avec tréteau et toutes sortes d'extensions et rallonges pour les tarières. A l'origine, ces tarières spéciales étaient fabriquées par le forgeron local. À plus grande échelle, la plupart d'entre elles ont probablement été forgées dans les grands centres de production d'outils en métal, tels que Remscheid et Sheffield. L’équipement de forage comprend également des tréteaux, un chevalet, des outils pour fixer le tronc et des outils de mesure (cordeau à marquer).

Cependant, la fabrication d'une pompe en bois implique de nombreuses autres opérations. Pour ce faire, le fabriquant de pompes utilisait différents types d'outils à main ou faisait appel à un artisan spécifique. Par exemple pour couper, transporter et équarrir le tronc. Pour fabriquer les parties intérieures de la pompe, il utilisait un tour et les outils appropriés. Pour creuser et construire un nouveau puits, il faisait appel à un puisatier ou un maçon.

Applications diverses

Le savoir-faire relatif au perçage des troncs existait déjà dans l'Antiquité et diverses applications étaient courantes jusqu'au milieu du 20e siècle. Ailleurs dans le monde, l'utilisation de puits et de pompes en bois est encore très répandue.

D'une part, dans différents métiers du bois, on était capable de creuser des troncs dans leur longueur pour former la base verticale des grandes constructions en bois. Pensez aux mâts de navire, aux colonnes, aux piles de barrage ou au pivot central et à l’axe des moulins sur pivot. L'évidement d'une poutre permet notamment d'éviter les fissures et déformations.

D'autre part, les applications pour transporter ou pomper des liquides sont nombreuses.

  • Partout dans le monde, les archéologues et les ouvriers des routes trouvent les restes d'énormes réseaux de conduites d'eau en bois. À Londres, par exemple, un réseau complet d'approvisionnement en eau a été jadis construit en bois d’orme.
  • Approvisionnement en eau pour les artisans et industries telles que les papeteries, les brasseries, les tanneries, les fabriques de glace, les limonadiers, etc.
  • À l'origine, les fontainiers utilisaient des troncs ou rondins de bois pour amener ou pomper l’eau vers les fontaines.
  • Le fumier liquide était pompé hors de la fosse à purin à l'aide d'une pompe. Sa construction est similaire à celle d'une pompe à eau, mais le diamètre du trou de forage est plus large et la partie en surface est plus haute afin d’optimaliser l’effet de levier sur le bras.
  • Pompage dans la cave d'un moulin à huile pour remonter les huiles végétales (navette, colza, lin) après pressage. Des moulins à vent avec pompes en bois ont été préservés et peuvent encore être visités aux Pays-Bas.
  • Pompes de navire / pompes de cale sur les voiliers en bois pour pomper l'excès d'eau des cales jusqu'au niveau de la mer et par-dessus bord. Le célèbre voilier Batavia, à Amsterdam, par exemple, en possède trois.
  • Pompes de mine pour éliminer l'excès d'eau souterraine des galeries de fond.
  • Dans les mines de sel, on utilisait des pompes et des conduites en bois pour ramener la saumure à la surface afin de la chauffer et d’en éliminer l’eau.